La Grande Nymphe, 2023
Ces nymphes, je veux les perpétuer.
Si clair,
Leur incarnat léger, qu’il voltige dans l’air
Assoupi de sommeil touffus.
Aimai-je un rêve ?
- Stéphane Mallarmé
Dans la mythologie, la Nymphe est un corps charnel qui, de disparitions en réapparitions, incarne le rythme du désir érotique. Debussy lui a consacré le Prélude à l’après-midi d’un faune (1894), célèbre composition inspirée d’un poème de Mallarmé. Il y reconstitue musicalement – plus qu’il ne raconte – un après-midi lascif et sensuel. Son interprétation par Nijinski marquera l’histoire de la danse. Un siècle plus tard, la chorégraphe et danseuse Lara Barsacq se réapproprie l’image de la Nymphe entretenue depuis toujours par les hommes. Accompagnée de Marta Capaccioli, elle décompose l’érotisation du corps par la danse, la parole et le mouvement. Elles créent ainsi un hymne au pouvoir libérateur de la danse, hors de toute conception figée de la sexualité. Elles dansent dans une explosion de sons et dans une décomposition électronique du Prélude par Cate Hortl, qui laissent ensuite la place à une interprétation de la composition par un ensemble classique. Une lutte sensuelle avec la tradition visant à faire émerger une nouvelle imagerie érotique.
Après Lost in Ballets russes (2018), IDA don’t cry me love (2019) et Fruit Tree (2021), La Grande Nymphe est le quatrième projet de Lara Barsacq.
Les premières de La Grande Nymphe ont eu lieu du 17 au 20 mai 2023 au Kunstenfestivaldesarts, en co-présentation avec Charleroi danse (La Raffinerie, Bruxelles).
En octobre 2025, Lara Barsacq va créer Kassia Undead.
La Grande Nymphe - un projet de Lara Barsacq (2023)
Création et interprétation : Marta Capaccioli, Lara Barsacq, Cate Hortl, Léonore Frommlet, Wanying Emilie Koang, Alyssia Hondekijn
Musique originale : Cate Hortl
Scénographie et costumes : Sofie Durnez
Création lumières : Estelle Gautier
Conseils artistiques : Gaël Santisteva
Vidéo : Gaël Santisteva, Lara Barsacq
Animation vidéo : Katia Lecomte Mirsky
Musique : Claude Debussy
Régie générale : Emma Laroche
Régie son : Sammy Bichon
Administration & production : Myriam Chekhemani
Communication & diffusion : Quentin Legrand - Rue Branly
Production : Gilbert & Stock
Coproduction : Kunstenfestivaldesarts,Charleroi danse - Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Théâtre de Liège, Les Brigittines (BE), CCN de Caen en Normandie dans le cadre de l’Accueil-studio, CCN2 - Centre Chorégraphique National de Grenoble (FR)
Résidences de création : Charleroi danse, Grand Studio, Les Brigittines (BE), CCN de Caen en Normandie, CCN2 - Centre Chorégraphique National de Grenoble (FR)
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Service de la danse
Avec l’aimable participation de Madame Coralie Cadène, responsable du patrimoine costume de l’Opéra national de Paris
Lara Barsacq est accueillie en compagnonnage au Théâtre de Liège (2024-2028) et en résidence à la Cité musicale-Metz (2024-2026)
Photos © Sybille Cornet, Stanislav Dobak
La Grande Nymphe revisite un classique de l’avant-garde avec un regard féministe, en jouant de façon décomplexée avec les matériaux et l'histoire de l'oeuvre originale ; de la chorégraphie, la polémique de l'œuvre, la sensualité de la musique de Debussy à l'imagination visuelle du scénographe Léon Bakst. Il s’agit d’un spin-off sombre, frais, intelligent et légèrement irrévérencieux. (…)
Bien que la pièce semble faite d’éléments épars cousus ensemble et dansée avec insouciance, La Grande Nymphe coule avec légèreté, peut-être parce qu’elle ne revisite pas le passé pour le vénérer, mais pour jouer avec lui – avec respect – ; en résulte une oeuvre rafraîchissante ou – pardonnez l’expression – plutôt cool.
Clàudia Brufau, nuvol, 31.01.24La chorégraphe Lara Barsacq, empreinte de l’art de son aïeul, dédie ses pièces à l’avant-garde russe. Et à ses figures féminines mythiques. (…)
Contrairement à Dominique Brun, experte des gestes perdus des Ballets russes, qu’elle ressuscite à travers des recréations quasi documentaires, Lara Barsacq est une archiviste animée par l’affect. En atteste son Fruit Tree (2021), où se mêlent des mouvements inventés à partir des photos du ballet Les Noces (1923), de douces chansons pop et des digressions écoféministes. Si sa démarche tend vers le mariage entre les arts cher à la compagnie révolutionnaire de Serge de Diaghilev, la chorégraphe souhaite aussi explorer d’autres territoires et ne verse pas dans l’hagiographie : « Il y a toujours une envie de rendre hommage et de déconstruire en même temps. » Son cheval de bataille ? Mettre en avant le rôle des femmes dans cette avant-garde artistique, occultées par les têtes d’affiche masculines. (…)
Pour le dernier volet de cette série, La Grande Nymphe, elle convoque une figure mythologique fantasmée, sorte de pendant féminin d’un faune interprété au siècle dernier par Nijinski. La danseuse Marta Capaccioli l’incarne, portée par une puissance érotique qui tranche avec la pudeur des nymphes du ballet d’antan. A force de chercher des héroïnes à travers l’Histoire, Lara Barsacq a fini par en inventer une.
Belinda Mathieu, Télérama, 27.09.23La chorégraphe Lara Barsacq, entre Ballets russes et icônes féminines.
Portrait de Lara Barsacq par Rosita Boisseau, Le Monde, 24.09.23Le podcast ‘Le Beau Bizarre’ par Zineb Soulaimani a dédié son épisode #47 à La Grande Nymphe de Lara Barsacq, avec des interventions de Gaël Santisteva (conseil artistique) et Daniel Blanga Gubbay (directeur artistique du Kunstenfestivaldesarts). Ecoutez l’épisode ici (39’, en français).
Comme dans ses pièces précédentes consacrées aux Ballets russes, l’ancienne interprète de la Batsheva renverse le point de vue sur l’histoire de la danse. Après avoir œuvré pour nous rappeler les rôles importants joués par Ida Rubinstein et Bronislava Nijinska, elle tourne son regard en direction de La Grande Nymphe. (…)
Les pièces de Barsacq sont des œuvres entières et totalement libres, des millefeuilles où se mélangent l’histoire, le féminisme, l’intime, le chant, les références picturales, le DJing, la vidéo… Ce qui, au lieu de compliquer l’approche, permet d’aborder des sujets et débats complexes sans que l’équipe sur le plateau ne perde son naturel ni son apparente spontanéité. Accompagnant les danseuses dans leurs investigations, le spectateur interroge à son tour le rapport entre son intimité et l’histoire de la danse. Et celle-ci ne passe plus par la théorie, mais par l’émotion. La Grande Nymphe se libère pour libérer nos contemporains.
Thomas Hahn, Dansercanalhistorique, 01.06.23Lara Barsacq a cette qualité de savoir entremêler habilement et avec justesse la danse, la musique, la parole, la vidéo, l'animation, la scénographie, les costumes et la lumière. Elle offre également un véritable rôle aux acteurs de ces médiums, qu'ils soient physiquement présents sur scène ou non. (…)
Le travail de Lara Barsacq est toujours intelligent, sensible, loufoque et hautement documenté. Si ‘La Grande Nymphe’ ne manque ni de panache ni d'imagination, la concentration dramatique, au sens des innombrables liens que la chorégraphe parvient à tisser entre les différentes composantes des trois œuvres pour créer la sienne propre, est si riche qu'elle en devient presque vertigineuse. Aucun doute, en montrant toute sa richesse, la grande nymphe révèle aussi toute sa vulnérabilité.
Lodie Kardouss, pzazz.theater, 22.05.23La Grande Nymphe de Lara Barsacq captive et réjouit le Kunstenfestivaldesarts (…)
À travers son vocabulaire gestuel aussi précis que fluide, ses poses picturales, ses lenteurs et ses accélérations, son érotisme revendiqué, Lara Barsacq poursuit son jeu de construction, entre références, justesse, équilibre et perpétuelle transformation.
En résulte une œuvre d’une extrême sophistication livrée en toute décontraction. Déjà présente dans les deux pièces précédentes, Marta Capaccioli se montre à nouveau une comparse d’exception - jusqu’au finale où, en solo, elle donne sa version toute personnelle de la Grande Nymphe tandis que Léonore Frommlet, Wanying Émilie Koang et Alyssia Hondekijn jouent en direct le Prélude de Debussy.
Marie Baudet, La Libre, 20.05.23La dernière création de Lara Barsacq est une enquête explosive sur les limites de la sexualité dépeinte au masculin et l'objectivation du corps féminin. (…)
Partageant la scène avec l'artiste électro Cate Hortl et la performeuse Marta Capaccioli, l'ancienne danseuse de la Batsheva Company déploie un processus inclusif et horizontal de confrontation diachronique avec le passé, flottant à travers l'espace et le temps avec des mouvements lumineux et ciselés qui produisent une sorte d'intensité, une dissonance chargée de nouveauté qui rend la pièce dense, puis voltaïque, puis persuasive. (…)
Le noyau inexorable de La Grande Nymphe brûle comme un soleil mineur, effaçant les limites de l'imagination amoureuse dans une tentative de «se libérer d'une idée préexistante de la sexualité". Et en effet, presque aucune progéniture de Terpsichore n'a jamais été aussi érogène, excitante et libératrice que les collisions de Barsacq et Capaccioli entre le sexe et les sens : alors que leurs corps se déchirent jusqu'à la plénitude dans une rhapsodie de plaisir réciproque lancée à l'épuisement de toute objectivation et idéalisation, la « femme » artificielle se défait sous l'effervescence de vitalité inquantifiable du duo et la nymphe est enfin déliée.
Francesco Chiaro, Persinsala, 18.05.23Comme dans ses pièces précédentes, la chorégraphe entend remettre en lumière le rôle oublié des femmes dans la danse, qu’elles soient réelles (Ida Rubinstein ou Bronislava Nijinska dans ses deux dernières pièces) ou imaginaires comme cette Grande Nymphe. Et comme à son habitude, elle le fait en mêlant danse, musique, récit, explorations des archives et une bonne dose d’humour. Avec en prime, cette fois, un érotisme franchement assumé. (...)
Faussement bancale, formidablement documentée et délicieusement déjantée, cette Grande Nymphe est une vraie réussite se terminant par une version live en trio (flûte, harpe, violoncelle) de la partition de Debussy offrant à Marta Capaccioli un envoûtant solo où elle entremêle magistralement la gestuelle des nymphes et du Faune. Un final idéal pour un spectacle aussi riche que réjouissant.
Jean-Marie Wynants, Le Soir, 18.05.23
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