Lost in Ballets russes, 2018
Arrière-petite nièce de Léon Bakst, célèbre peintre, décorateur et costumier des Ballets russes, Lara Barsacq passe son enfance baignée dans une oeuvre révolutionnaire et foisonnante. Elle est profondément marquée par les reproductions de l’artiste dont celles représentant Ida Rubinstein, la muse, danseuse fascinante et exotique. Dans Lost in Ballets russes, Lara prélève de sa mémoire aussi bien des dessins du grand-oncle que des objets des années 1970, pour créer une pièce autobiographique en hommage à son père, envisageant sa danse comme un rite qui transcende le temps.
La première de Lost in Ballets russes a eu lieu le 19 avril 2018 à La Raffinerie (Bruxelles), dans le cadre du Festival LEGS - Charleroi danse.
En 2019, Lara a créé le trio IDA don’t cry me love, inspiré de la figure d’Ida Rubinstein. Elle prépare actuellement sa troisième pièce, Fruit Tree, qui sera créée en octobre 2021.
Lost in Ballets russes - un projet de Lara Barsacq (55’, 2018)
Projet, texte, chorégraphie, dramaturgie, interprétation : Lara Barsacq
Aide à la dramaturgie : Clara Le Picard
Regard extérieur : Gaël Santisteva
Lumières : Kurt Lefevre
Costumes : Sofie Durnez
Musiques : Bauhaus, Claude Debussy et Maurice Ravel
Participation : Lydia Stock Brody et Nomi Stock Meskin
Régie générale : Emma Laroche
Administration & production : Myriam Chekhemani
Communication & diffusion : Quentin Legrand - Rue Branly
Production : Gilbert & Stock
Coproduction : Charleroi danse - Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles (BE)
Résidences de création : Charleroi danse - Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, La Bellone, La Balsamine (BE), La Ménagerie de Verre, Paris (FR)
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles — Service de la danse, Wallonie-Bruxelles International, Grand Studio et Le Réseau Grand Luxe
Lara Barsacq est accueillie en compagnonnage au Théâtre de Liège (2024-2028) et en résidence à la Cité musicale-Metz (2024-2026)
Photos © Diego Andrés Moscoso, Yves Pezet
Léon Bakst était mon arrière-grand-oncle. [ ] Mon envie de danser est apparue quand j’étais enfant grâce à un poster qu’il y avait à la maison et à d’autres tableaux que j’avais pu voir de lui. [ ] Je me suis plongée dans les archives pour chercher des anecdotes, des récits, d’autres tableaux et en savoir plus sur les Ballets russes. Ça a été une révélation, j’ai trouvé une grande source d’inspiration ! [ ] Pour cette période en particulier, il y a très peu de films ou de traces visuelles à part des photos ou des peintures, ce qui invite à tout imaginer. Certaines personnes pourraient chercher à être les plus fidèles possible à l’œuvre ; pour ma part, c’est la solution de l’émancipation qui m’est apparue la plus inspirante.
Entretien de Lara Barsacq avec Marian Del Valle, NDD 77, 21.01.2020
Le filet de l’histoire officielle de la danse a de gros trous. Ils sont nombreux à passer au travers. En particulier, les femmes. Heureusement, depuis quelques années, une nouvelle génération d’artistes se passionne pour le passé en accordant une attention aussi rigoureuse qu’amoureuse à des personnalités plus ou moins tombées dans les oubliettes de la mémoire. [ ] Ce fil historique personnel et artistique porte aussi le spectacle Lost in Ballets Russes, conçu par Lara Barsacq, en lien avec son arrière-grand-oncle, le peintre Léon Bakst. Sur fond de ses toiles, elle se glisse dans les gestes de Vaslav Nijinski et d’Ida Rubinstein pour laquelle Maurice Ravel créa Boléro, en 1928. Celle qui, enfant, rêvait sur un poster d’Ida, a fait d’elle son héroïne : « Elle est une source d’inspiration énorme. C’était une féministe qui prenait des risques, se dénudait en 1909 ! Je décale ce qu’elle a fait, j’ose y toucher pour lui redonner une place dans l’histoire. » Lara Barsacq finalise actuellement un trio intitulé IDA Don’t Cry Me Love.
Rosita Boisseau, Le Monde, 20.06.2019
Parfois, tout part d’un poster accroché sur le mur d’une cuisine. Chez Lara Barsacq, c’est la reproduction d’une affiche des Ballets russes, figurant la danseuse Ida Rubinstein en pleine envolée, cheveux lâchés, robe flottante et jambes nues, libre. À partir de cette image d’enfance, la chorégraphe entreprend de nous partager un récit qui révèle les façons dont la danse est intriquée à son histoire familiale. En jouant avec les codes de la performance, parlant à la première personne et dévoilant peu à peu une richesse scénographique, la danseuse inscrit son propre corps dans le flux d’une histoire tissée de petits et grands évènements. [ ] Eclairés en bleu, rouge ou vert forts, les tableaux savamment construit qui composent Lost in Ballets russes construisent une pièce comme le ferait la mémoire : en agençant, organiquement et en mouvement, couleurs, textures, mots, présences fantomatiques et réelles. Et avec les bougies qu’elle brûle ou les paillettes dont elle se revêt, Lara Barsacq allume tout au long de la pièce de petits rituels qui brûlent comme des feux colorés.
Marie Pons, Mouvements, 15.05.2018
Je trouve passionnant de se plonger dans une époque précise de l’histoire de la danse et aussi dans son contexte historique tout en cherchant une friction et une ré-apropriation dans le moment présent. J’aime le frottement des époques et l’improbabilité quand il s’agit de les faire coexister, pour leur conférer une toute nouvelle interprétation.
Entretien de Lara Barsacq avec Wilson Le Personnic, maculture.fr, 05.04.2018